Flottille pour Gaza : entre répression, solidarité et fracture mondiale !
Interpellations, violences, indignation diplomatique. La seconde flottille internationale « Sumud » a transformé la mer Méditerranée en scène politique. Derrière les chiffres, des visages : Isaline Choury-Amalric, Greta Thunberg, et des dizaines de militants maghrébins unis par un même cri.
Publié : 5 octobre 2025 à 19h28 par La Rédaction
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Dans les eaux internationales, des bateaux chargés d’espoir ont croisé la brutalité du pouvoir. À bord, des citoyens venus de plusieurs continents ont tenté de rallier Gaza pour dénoncer le blocus et apporter une aide symbolique. Leur interception par les forces israéliennes a provoqué une onde de choc diplomatique et réveillé le débat sur la liberté, le droit et la mémoire.
« Je me dois d’être sur ce bateau »
Figure de l’antifascisme corse et à bord pour Gaza, Isaline Choury-Amalric témoigne sur Ajplusfrançais son engagement sur la seconde flottille pour Gaza. « Même si j’aurai 83 ans en décembre, je me dois d’être sur ce bateau. » La phrase claque. Elle dit l’urgence, la mémoire et la colère. Elle dénonce un enclavement inhumain : « Les Palestiniens sont parqués dans un ghetto de 45 km, ce qui est une honte. Ça me rappelle mes souvenirs d’enfance sur les ghettos sous le nazisme. Ils sont déshumanisés. »
La militante s’interroge : « Qu’est-ce qui se passait à l’époque ? Le racisme épouvantable faisait en sorte que les Juifs soient considérés comme des rats, plus des humains. » Et accuse : « Or, qu’est-ce qui se passe maintenant ? […] Ils éduquent les enfants tous petits. Et ainsi, on voit un garçon de 12 ans qui piétine les colis alimentaires, et puis on voit des jolies jeunes filles qui chantent et en disant “mort aux arabes, mort aux enfants, tuez tous les bébés”. »
Pour elle, la matrice est coloniale : « C’est le colonialisme […] et l’Europe, malheureusement, est colonialiste dans les pratiques et dans l’idéologie. » Elle fustige un « suprémacisme » où « les blancs des démocraties occidentales » « traitent les autres de barbares et terroristes ». Et confie sa honte : « Je suis honteuse de mon pays. Comme je l’ai été au moment de la guerre d’Algérie et que l’armée pratiquait la torture, j’étais honteuse de mon pays. On recommence. La France, patrie des droits de l’homme, a perdu. C’est l’Espagne qui a pris sa place. »
Son appel vise les siens : « Tous les Corses, je vous demande de vous réveiller, d’ouvrir les yeux, comme pendant la guerre de 1940, et partout, de crier votre indignation. Si on perd Gaza, c’est l’humanité entière qu’on perd. » Elle met en garde contre « la loi du plus fort » et l’affaiblissement des institutions internationales : « On ne peut pas laisser ce monde-là à nos descendants. »
Greta Thunberg : courriels d’alerte et récits de détention
Des échanges de courriels évoquent des conditions de détention dégradantes pour Greta Thunberg après son arrestation à bord de la flottille. Un message du ministère suédois des Affaires étrangères, consulté par un média, rapporte : « Elle a signalé une déshydratation. Elle n’a pas reçu suffisamment d’eau et de nourriture. Elle a également déclaré avoir développé des éruptions cutanées qu’elle soupçonne d’être causées par des punaises de lit. Elle a parlé de traitements violents et a déclaré être restée assise pendant de longues périodes sur des surfaces dures. »
La militante aurait été « promenée comme un trophée ». Un autre détenu dit l’avoir vue « tenir des drapeaux », « de force », « pendant qu’on la prenait en photo ». Le journaliste turc Ersin Çelik affirme : « Ils ont traîné la petite Greta [Thunberg] par les cheveux sous nos yeux, l’ont battue et l’ont forcée à embrasser le drapeau israélien. » Lorenzo d’Agostino ajoute qu’elle aurait été « enveloppée dans le drapeau israélien et promenée comme un trophée ».
Face à ces témoignages, la diplomatie suédoise insiste, selon le même canal, sur « l’importance de répondre aux besoins médicaux individuels », demande « de la nourriture et de l’eau potable […] immédiatement » et « l’accès à un avocat israélien » pour tout détenu qui le souhaite. L’ambassade dit rester en contact avec les autorités et prête à « visiter à nouveau les militants suédois ».
Rapatriements, détentions et mobilisation maghrébine
Un vol Turkish Airlines a transporté 137 militants depuis l’aéroport Ramon (Eilat) jusqu’à Istanbul, selon des sources diplomatiques turques. À bord : des ressortissants de douze pays, dont l’Algérie, le Maroc, la Tunisie et la Libye. La Coordination populaire algérienne a confirmé l’identité des six Algériens libérés (Abderrazak Makri, Ammar Ounas, Zoubida Kherbache, Ahmed Fawzi Bouaziz, Tayeb Mehden, Mohamed Zakaria Bendada). Côté marocain, quatre militants ont été relâchés et d’autres restent détenus, des procédures étant encore en cours.
En France, quatre élus de La France insoumise — « les députés François Piquemal et Marie Mesmeur, les eurodéputés Rima Hassan et Emma Fourreau » — sont signalés en grève de la faim « en solidarité avec le peuple palestinien ». « Nous n’avons pas de leurs nouvelles », indique une eurodéputée, évoquant des cellules « à plus de 10 » et des difficultés d’accès à l’eau.
Enfin, des procédures d’expulsion et de rapatriement se poursuivent, avec une nouvelle vague attendue. Des organisations de défense des droits humains dénoncent une « violation flagrante du droit international », rappelant que « l’interception opérée dans les eaux internationales » « constitue une violation de la Convention des Nations unies sur le droit de la mer ». Elles appellent à la « libération immédiate » des militants et à la protection consulaire des ressortissants encore détenus.
Arrestations massives et conditions inhumaines
Selon les témoignages recueillis par plusieurs médias internationaux, les forces israéliennes ont arrêté des centaines de passagers avant de les transférer dans des centres de détention. Les militants parlent d’un traitement dégradant, parfois violent. « Ils nous ont privés d’eau potable et de nourriture pendant des jours. Nous recevions un seul plat presque vide pour quatorze personnes », dénonce l’activiste turque Ikbal Gurpinar.
Les récits se multiplient : fouilles humiliantes, privations de sommeil, confiscation d’effets personnels. « Ils ont volé nos téléphones, ordinateurs et chargeurs », ajoute une autre militante. Le journaliste italien Lorenzo Agostino évoque une « humiliation constante » et des conditions de détention « incompatibles avec toute notion de dignité humaine ».
Une onde de choc diplomatique
Face à ces violences présumées, la Suède a exigé des explications d’Israël. Elle réclame de l’eau, de la nourriture et un suivi médical pour ses ressortissants arrêtés. L’ambassade de Suède à Tel-Aviv affirme rester « en contact permanent » avec les autorités israéliennes pour obtenir la libération rapide de ses citoyens.
La mobilisation s’étend au niveau européen. En France, quatre élus de La France insoumise – les députés François Piquemal et Marie Mesmeur, ainsi que les eurodéputés Rima Hassan et Emma Fourreau – sont toujours détenus. « Nous n’avons pas de leurs nouvelles », déplore Manon Aubry sur Franceinfo. « Ils sont plus de dix par cellule et ont entamé une grève de la faim. » Les parlementaires affirment agir « en solidarité avec le peuple palestinien ».
Des voix qui refusent le silence
Les ONG et associations de défense des droits humains condamnent unanimement l’intervention israélienne. L’Organisation marocaine des droits humains parle de « violation flagrante du droit international » et exhorte Rabat à « agir d’urgence pour garantir la sécurité des ressortissants marocains ».
Dans un communiqué, l’organisation rappelle que « l’interception opérée dans les eaux internationales constitue une violation de la Convention des Nations unies sur le droit de la mer ». Elle y voit aussi une « atteinte à la liberté de circulation et à l’action humanitaire ».
L’avertissement est clair : tant que le blocus de Gaza perdure, la mobilisation internationale ne faiblira pas. Pour les participants, la flottille « Sumud » n’est pas seulement un convoi maritime, mais un symbole de résistance et d’espoir face à l’impunité.
Une onde politique mondiale
La détention de personnalités comme Greta Thunberg ou de parlementaires européens a amplifié la pression sur Israël. En Europe, les réactions se multiplient, entre indignation et silence gêné. La France est critiquée pour sa prudence. « La France, patrie des droits de l’homme, a perdu. C’est l’Espagne qui a pris sa place », déplore Choury-Amalric, amère.
Un appel à l’humanité
De Tunis à Alger, de Paris à Stockholm, le mot « Sumud » résonne comme un serment. La résistance pacifique, la solidarité et la dignité deviennent les armes d’une lutte mondiale contre l’indifférence. Les associations promettent de poursuivre les actions en mer, malgré les risques, tant que le blocus de Gaza ne sera pas levé.
Dans un contexte où la guerre, la faim et la désinformation s’entremêlent, cette flottille marque une étape symbolique. Elle rappelle que la justice, la compassion et le courage individuel restent possibles, même face à la brutalité des États.
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