Découverts bancaires : la fin de l’automatisme, ce qui va changer pour les foyers français !

À partir du 20 novembre 2026, le découvert ne sera plus accordé automatiquement. Il deviendra un crédit à la consommation, soumis à des conditions strictes de solvabilité. Une réforme européenne destinée à lutter contre le surendettement, mais qui inquiète les ménages les plus fragiles.

Publié : 29 octobre 2025 à 13h18 par La Rédaction

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Crédit : Pixabay - jarmoluk

C’est une petite ligne dans une directive européenne, mais ses effets pourraient être lourds pour des millions de Français. À partir de 2026, l’autorisation de découvert ne sera plus considérée comme une simple « facilité de caisse ». Elle sera traitée comme un crédit à la consommation, avec des contrôles renforcés et des conditions d’octroi plus strictes.

Une directive européenne qui rebat les cartes

Cette évolution découle d’une directive adoptée par l’Union européenne le 18 octobre 2023, transposée en France dans l’ordonnance 2025-880, présentée en Conseil des ministres le 3 septembre. Elle vise à harmoniser et encadrer l’ensemble des crédits aux particuliers.

Concrètement, à partir du 20 novembre 2026, les banques devront évaluer la solvabilité de leurs clients avant d’accorder un découvert. Ce contrôle sera similaire à celui exigé pour un crédit classique. L’objectif affiché est clair : mieux protéger les consommateurs contre le surendettement.

Selon une enquête de MoneyVox, 31 % des Français ont été à découvert au moins une fois au cours des douze derniers mois. Et parmi eux, 25 % se trouvent dans le rouge chaque mois. « Beaucoup de personnes sont contraintes de vivre sur leur découvert. Elles ne récupèrent jamais la totalité de leurs ressources en fin de mois », rappelle Pauline Dujardin, déléguée générale de la Fédération Crésus, spécialisée dans l’accompagnement des personnes en difficulté financière.

Des procédures plus lourdes pour les banques… et pour les clients

Jusqu’ici, l’autorisation de découvert était souvent tacite, renouvelée presque automatiquement par le conseiller. Ce ne sera plus le cas.

Désormais, chaque demande devra être instruite. Pour les découverts inférieurs à 200 euros, la procédure restera allégée. Au-delà, elle deviendra bien plus stricte : examen des revenus, des dépenses, du niveau d’endettement et des éventuels incidents de paiement.

Les taux d’intérêt appliqués devront également être clairement affichés. Fini les frais qui s’empilent sans que le client les identifie.

Les foyers modestes en première ligne

Ce changement pourrait bouleverser le quotidien de nombreux ménages. Selon les estimations, environ 22 % des Français se retrouvent à découvert dès la moitié du mois. Et ce pourcentage grimpe à 35 % chez les familles avec enfants.

Pour les clients avec de faibles revenus, l’impact risque d’être brutal. L’autorisation de découvert sera évaluée selon la même règle que les autres crédits : les charges ne doivent pas dépasser 30 % du salaire net. Or, dans les foyers gagnant moins de 2 500 euros par mois, cette limite est souvent déjà atteinte.

Dans les faits, pour beaucoup, l’autorisation de découvert pourrait tout simplement tomber à zéro.

Une réforme qui pourrait aussi bousculer les banque

Même pour les établissements bancaires, cette nouvelle réglementation ne sera pas sans conséquence. L’instruction systématique des dossiers représente une charge administrative importante. Et renoncer à accorder des découverts revient aussi à se priver d’une source de revenus significative.

Car les frais liés aux dépassements de découvert font partie des principales recettes bancaires en direction des particuliers.

Un équilibre difficile entre protection et réalité sociale

La réforme répond à un objectif louable : réduire le surendettement. Mais son application pose une question essentielle : comment gérer la trésorerie du quotidien pour ceux qui dépendent du découvert pour tenir jusqu’à la fin du mois ?

Pour l’heure, aucune solution alternative n’a été clairement annoncée.