De Rabat à Paris, GenZ 212 fait vibrer la jeunesse marocaine !

Parti du Maroc, le mouvement GenZ 212 inspire désormais la diaspora. À Paris et Marseille, les soutiens se multiplient pour appuyer la jeunesse du royaume, qui manifeste depuis huit jours pour l’accès à la santé, à l’éducation et contre la corruption.

Publié : 5 octobre 2025 à 16h13 par La Rédaction

Drapeau Maroc
Crédit : Pixabay - cuivie

Depuis plus d’une semaine, la jeunesse marocaine ne baisse pas les bras. Ce samedi 4 octobre 2025, pour la huitième journée consécutive, le mouvement GenZ 212 est de nouveau descendu dans la rue. Les manifestations, organisées simultanément dans quatorze grandes villes du pays, témoignent d’une colère persistante face aux inégalités sociales, à la dégradation des services publics et à la corruption.

Un mouvement né de la colère et du désespoir

Lancé le 27 septembre, le collectif GenZ 212, dont les membres communiquent principalement via la plateforme Discord, a rapidement pris de l’ampleur. Ce samedi, les lieux de rassemblement ont été annoncés dès le matin sur le réseau du mouvement : Rabat, Casablanca, Tanger, Tétouan, Agadir, Marrakech, Fès, Oujda, Meknès, Salé, Mohammedia, Kénitra, El Jadida et Safi.

Les manifestations, prévues de 18h à 21h, se déroulent sous haute surveillance. Depuis le début du mouvement, plus de 400 interpellations ont été recensées, même si la majorité ont été suivies de libérations. Un premier groupe de 37 manifestants doit toutefois comparaître devant la justice le 7 octobre, tandis qu’un second, composé de 97 personnes, attend également d’être jugé.

Une semaine marquée par des tensions

La tension est montée d’un cran ces derniers jours. Dans la nuit du 1er au 2 octobre, trois personnes ont été tuées lors d’un affrontement avec la gendarmerie à Lqliaâ, près d’Agadir. Selon les autorités, ils tentaient de s’emparer d’armes après avoir incendié un véhicule et une partie du bâtiment.

Quelques jours plus tôt, un jeune d’Oujda avait été grièvement blessé après avoir été percuté par un véhicule de police. Évacué par hélicoptère vers l’hôpital militaire de Rabat, son cas a suscité l’indignation des internautes, beaucoup y voyant le symbole d’un système de santé défaillant, puisque même les autorités ont privilégié un hôpital militaire à un établissement public.

Le bilan officiel fait état de près de 300 blessés, dont 263 membres des forces de l’ordre, selon le ministère de l’Intérieur. Les zones les plus touchées sont Inzegane-Aït Melloul, Oujda-Anja et Skhirat-Temara.

Un appel à la démission du gouvernement

Malgré les tensions, GenZ 212 maintient le cap. Le collectif, qui revendique 150 000 membres, insiste sur le caractère pacifique de ses actions et affirme rejeter « toute forme de violence, de vandalisme ou d’atteinte aux biens publics et privés ».

Dans un communiqué diffusé dans la nuit du 2 au 3 octobre, le mouvement a franchi une étape supplémentaire en appelant à la démission du gouvernement et en s’adressant directement au roi Mohammed VI.

Le texte demande « la dissolution du gouvernement actuel pour son échec à protéger les droits constitutionnels des Marocains et à répondre à leurs revendications sociales », ainsi que l’ouverture d’un « processus judiciaire équitable » contre les responsables de corruption.

Les jeunes manifestants ont également interpellé le souverain sur les inégalités sociales croissantes, dénonçant le contraste entre « la fortune et le luxe » de la monarchie et la pauvreté vécue par une grande partie de la population.

Des rassemblements de soutien à l’étranger

La contestation dépasse désormais les frontières du royaume. Ce samedi 4 octobre, des rassemblements de solidarité ont eu lieu à Paris et Marseille, à l’initiative de la diaspora marocaine.

À Marseille, une centaine de personnes se sont réunies près du Consulat du Maroc, brandissant des pancartes « Corruption stop » ou « anti-CAN », en référence à la Coupe d’Afrique des Nations prévue en décembre.

À Paris, environ 400 manifestants se sont retrouvés au Trocadéro, selon la Préfecture de police. Le mot d’ordre reste le même : « Liberté, dignité, justice sociale ».

Une mobilisation pacifique, mais toujours sous tension

Pour cette huitième journée consécutive, la voix de la jeunesse marocaine a de nouveau retenti à Rabat, devant le Parlement. Les slogans, scandés d’une même voix, traduisaient la lassitude d’une génération confrontée au chômage, à la précarité et à la corruption.

Les mots d’ordre étaient sans équivoque : « Assez de corruption, vous avez défiguré le pays », ou encore « Ni droite ni gauche… Je veux juste un hôpital ».

Les manifestants réclamaient le droit fondamental à la santé et à l’éducation, tout en appelant à la démission du gouvernement. D’autres dénonçaient le népotisme et les inégalités dans l’accès à l’emploi, avec des pancartes où l’on pouvait lire : « Chômeurs qualifiés, diplômés / L’emploi par piston ».

Malgré les tensions des jours précédents, les rassemblements du samedi se sont déroulés sans affrontements majeurs. Aucune intervention des forces de l’ordre n’a été signalée, signe d’une volonté d’apaisement. Le mouvement, lui, reste ferme : les manifestations continueront « pacifiquement » jusqu’à ce que « la voix des jeunes soit entendue ».

Un élan de solidarité autour d’un jeune blessé

Au-delà des revendications politiques et sociales, GenZ 212 a tenu à exprimer son soutien à un jeune manifestant grièvement blessé à Oujda. Dans un communiqué publié sur Discord, le collectif a déclaré :

« Nous formons aujourd’hui les vœux les plus sincères pour le prompt rétablissement du jeune Oussama Tibi, accidenté aux côtés de son ami Amine. »

Le texte précisait la gravité de ses blessures : « L’accident lui a causé de graves lésions, notamment des fractures à la cage thoracique et à l’épaule, qui ont également affecté ses poumons. »

Face à la situation critique du jeune homme, le mouvement a réclamé son transfert urgent vers Rabat, comme cela avait été fait pour son compagnon. Dans un message empreint d’émotion, les organisateurs ont ajouté :

« Tandis que nous affirmons notre entière solidarité avec Oussama et sa famille dans cette épreuve, nous adressons nos prières les plus ferventes au Tout-Puissant pour qu’Il lui accorde une guérison rapide et qu’Il le rende sain et sauf aux siens. »

De nouvelles arrestations à Kénitra

Malgré le calme relatif observé samedi, la justice poursuit les investigations après les incidents violents survenus plus tôt dans la semaine, notamment à Sidi Taibi, dans la province de Kénitra.

Selon le parquet près de la Cour d’appel de Kénitra, 17 personnes ont été déférées samedi pour des faits de pillage, violence, destruction de biens publics et incendie volontaire. Parmi elles figurent 8 majeurs et 9 mineurs.

Le communiqué du procureur général précise qu’une enquête approfondie a été ouverte à l’encontre de plusieurs suspects, tandis que les détenus ont été placés en prison dans l’attente des procédures judiciaires. Les recherches se poursuivent pour interpeller le reste des personnes impliquées.

Un souffle inédit dans la jeunesse marocaine

Le mouvement GenZ 212 s’affirme comme une mobilisation générationnelle sans précédent au Maroc. Portée par des jeunes souvent sans affiliation politique, cette contestation spontanée bouscule les codes et les canaux traditionnels de la société civile.

Sur les réseaux sociaux, des milliers de messages de soutien affluent chaque jour, traduisant un désir de changement profond dans le royaume.

Malgré la répression, les arrestations et les tentatives d’intimidation, la jeunesse marocaine affiche une détermination rare. Le collectif le rappelle dans chacun de ses messages : « Notre combat est pacifique, notre voix est celle du peuple. »

Une génération debout

Après huit jours de manifestations, le constat est clair : la génération Z marocaine a trouvé sa voix. Entre colère et espoir, ces jeunes refusent de se taire. Ils réclament un Maroc plus juste, plus transparent, et plus humain.

Leur mot d’ordre, répété à l’unisson sur toutes les places du pays, résonne comme une promesse : « Tant que la justice sera sourde, nos voix ne se tairont pas. »