“Complément d’enquête” dissèque la stratégie éditoriale de CNews !

France 2 consacre son numéro du 27 novembre à “La méthode CNews”. Un documentaire qui analyse, chiffres à l’appui, la place centrale accordée à l’immigration, à l’islam et à l’insécurité sur la chaîne du groupe Bolloré.

Publié : 27 novembre 2025 à 13h10 par La Rédaction

Complément d'enquête
Complément d'enquête
Crédit : Complément d'enquête - Instagram

Une phrase claque comme un symbole. « À partir de maintenant, on ne va plus faire que du muslim, muslim, muslim ». C’est le témoignage d’un ancien reporter de CNews, cité dans le numéro de Complément d’enquête diffusé ce jeudi soir sur France 2. Une accusation directe, révélatrice de ce que le magazine décrit comme une ligne éditoriale assumée : l’islam, l’immigration et l’insécurité au cœur de la programmation.

Une enquête fondée sur les chiffres et les mots

Présentée mercredi à quelques journalistes, l’émission s’appuie sur une analyse informatique de la fréquence des mots employés à l’antenne. Selon la voix off, « entre 2020 et 2024, le mot islam a été utilisé à 30 993 reprises sur CNews, soit au moins deux fois plus que les chaînes concurrentes ». Le terme immigration apparaît « à 69 353 reprises, soit deux à trois fois plus ».

Les journalistes ont également travaillé sur les bandeaux diffusés en continu, révélant la récurrence des mêmes thématiques. L’émission cite une étude de Reporters sans frontières, selon laquelle CNews « contourne » le pluralisme en reléguant les interventions de responsables politiques de gauche à des horaires nocturnes, loin des tranches à forte audience.

Des témoignages qui racontent une ligne éditoriale assumée

Plusieurs anciens journalistes participent au documentaire. Pour Complément d’enquête, cette instruction marque un tournant dans la stratégie du groupe Bolloré.

En 2015, lors du rachat d’i-Télé, devenue CNews en 2017, Vincent Bolloré promettait pourtant qu’il ne s’en servirait « pas pour faire des sous-entendus politiques ». Dix ans plus tard, l’émission estime que la politique éditoriale est affichée au grand jour.

La sémiologue Cécile Alduy, sollicitée pour décrypter le vocabulaire dominant, parle d’un « vocabulaire spécifique ». Selon elle, seuls « CNews et la droite et l’extrême droite» utilisent ce lexique, qui ne se retrouve pas dans le reste du champ politique.

Sollicitée par l’AFP, CNews n’a pas souhaité commenter la diffusion.

Une enquête diffusée dans un climat de tensions extrêmes

La date de diffusion n’est pas anodine. Depuis début novembre, France Télévisions et Radio France ont engagé des actions en justice contre plusieurs médias du groupe Bolloré pour « dénigrement », estimant être victimes d’un traitement « outrancier et déséquilibré» dans l’affaire Legrand-Cohen.

Cette séquence avait épinglé deux journalistes du service public vus dans un restaurant en compagnie de responsables socialistes. Les médias du groupe Bolloré y avaient vu un signe de collusion.

Dans la foulée, une commission d’enquête parlementaire a été créée sur la « neutralité, le fonctionnement et le financement » de l’audiovisuel public, à l’initiative de l’UDR, parti d’Éric Ciotti allié au Rassemblement national.