(Cinéma) "Ma part de Gaulois" : notre coup de cœur comédie !

31 janvier 2024 à 11h21 par Christophe

Malik Chibane adapte le roman de Magyd Cherfi, « Ma part de Gaulois », au cinéma. Il en fait une comédie touchante, drôle et poétique sur la jeunesse d’un fils d’immigrés algériens dans la banlieue toulousaine des années 70/80.

Ma part de Gaulois

Le synopsis

Destiné à un CAP Mécanique, Mourad se retrouve finalement en cursus général grâce aux stratagèmes de sa mère. Objectif : le bac ! Une formalité pour les « français » du centre-ville mais un événement sismique pour Mourad et son entourage : le premier de la cité à aller jusqu'au bac !

Dans son lycée général, séparé de ses copains du quartier, il rencontre de nouveaux amis qui lui font découvrir la musique. Avec en fond sonore les rumeurs accompagnant l’arrivée au pouvoir de Mitterrand au printemps 1981, la Mère avait tout imaginé, sauf que son Mourad soit totalement indifférent au sacro-saint baccalauréat, en assumant sa « part de Gaulois ».

L’avis de la rédaction

Si le livre était très autobiographique, le film s’éloigne un peu de la réalité : le héros s'appelle Mourad Cherkaoui, et pas Magyd Cherfi, il est plutôt un élève moyen, là où le chanteur se décrivait comme « amoureux des mots ». Mais le fil de l’histoire reste le même : une enfance de fils d’immigrés dans la banlieue toulousaine dans les années 70/80. 

Et c’est cette ambiance de quartier, dans cette époque, qui est aussi intéressante à voir. La solidarité, l’entraide entre les habitants, la place de l’école, le milieu ouvrier, et la politique avec l’arrivée de François Mitterrand au pouvoir en 1981, montré d’une manière très peu vu : on voit comme le nouveau président élu comme un politique redouté par les immigrés algériens pour son rôle dans la guerre d’Algérie. Sans oublier le personnage essentiel du film : la mère, omniprésente, qui n’a qu’un seul but : donner à son fils les meilleures conditions pour qu’il ait son bac. 

Une mère qui devra aussi arriver à laisser à son fils de la liberté. Elle est jouée par Adila Bendimerad, que l’on retrouve dans un registre différent après son rôle, il y a un an, dans la fresque historique « La dernière reine ». Elle retrouve avec efficacité la comédie qu’elle avait expérimentée sur scène, au théâtre, mais encore jamais au cinéma.

Le prometteur Abdallah Charki incarne Mourad : c’est son premier grand rôle au cinéma, après notamment sa participation à la série « Skam ». Lyes Salem complète le casting, drôle et complice avec Adila Bendimerad. 

Le réalisateur Malik Chibane a adapté librement le roman de Magyd Cherfi, et il y a mis beaucoup d’humour et de poésie. La plupart des scènes sont filmées en studio, où les décors ont été organisés de manière à avoir une partie fixe avec une partie de l’appartement, et d’autres parties mobiles, comme la cabine de la grue ou travaille le père, le balcon ou encore la salle de classe, qui pouvaient être déplacée et posée à côté des pièces fixes de l’appartement.

Malik Chibane explique : « je pouvais ainsi aménager des transitions et faire du montage au sein même du plan. Par exemple, Mourad est dans sa chambre, puis traverse la cloison et se retrouve dans la salle de classe. Ou encore, il est à un moment donné avec sa prof, puis décide d’aller voir sa mère et se retrouve avec elle sur le balcon. Cela nous éloigne du réalisme et nous permet d’éviter des scènes inutiles où l’on voit des personnages traverser la rue ou entrer dans un immeuble. » 

Abdellah Charki était l’invité de la Matinale de Kim ; retrouvez le podcast ici ! Adila Bendimerad et Magyd Cherfi seront dans Studio B, le magazine ciné de Beur FM, ce dimanche à 11h avec Christophe.

La bande annonce

Ma part de Gaulois
Un film de Malik Chibane, d’après le récit de Magyd Cherfi paru aux éditions Actes Sud
Avec Adila Bendimerad, Abdallah Charki et Lyes Salem
Au cinéma depuis le 31 janvier
En partenariat avec Beur FM !