Cheb Hasni, l’histoire d’une légende !

29 septembre 2023 à 12h48 par La rédaction

Revêtu de son costume, arborant un sourire éternel, avec sa fine moustache, drapeau à la main, c'est ainsi que Cheb Hasni a choisi de saluer son public lors de son dernier concert à Alger, le 5 juillet 1993, dans une Algérie meurtrie par le terrorisme et la décennie noire. Il a entonné les chants de l'amour, de la joie et des tourments sociaux des jeunes, offrant ainsi une mélodie porteuse de messages pour une jeunesse souvent en quête d’espoir.

Cheb Hasni

Au firmament de la scène musicale raï, Cheb Hasni éclatait telle une comète, illuminant de sa présence la jeunesse algérienne et la diaspora maghrébine en France. Loin de la politique, l'artiste incarnait l'âme d'une génération en quête d’une vie meilleure et d’espoir, la berçant de rêves et en partageant ses tourments. 

Cheb Hasni, le néo-romantique qui a redéfini le raï love

Né le 1er février 1968 dans le quartier Gambetta d'Oran, fils d'un soudeur, Hasni Chakroun a sublimé la musique raï algérienne par une production de cassettes à succès, totalisant plus de cent réalisations en à peine six ans. 

Les mélodies de Cheb Hasni, tout comme celles de Cheba Zahouania, complice de ses premiers pas en 1986 sont des succès planétaire notamment leur tube « El Baraka ».

Les musiques de Cheb Hasni, véritables odes à l'émotion, transcendaient les frontières culturelles pour toucher les cœurs du monde entier. Parmi les titres emblématiques, on compte le poétique « Baida mon Amour », « Matebkich », « Gaa Ensa », « Tal Ghyabek ya ghzali », une supplique passionnée à un être cher éloigné, et enfin « Jamais nensa les souvenirs », une déclaration d'attachement indélébile aux précieux souvenirs. Ces chansons, par leur universalité, ont consacré Cheb Hasni comme un artiste d'exception, capable de toucher l'âme de chacun, quelle que soit sa langue ou son origine.

Cheb Hasni était le Jacques Brel, des jeunes algériens. À Oran, il devenait la voix de l’amour et de l’espoir pour toute une ville et un pays. À Paris et dans les banlieues, il se transformait en une sorte de Patrick Bruel, néo-romantique, maître incontesté du raï love.

Le jour où l'obscurité a englouti Cheb Hasni

Le jeudi 29 septembre 1994, à Oran, en fin de matinée, Cheb Hasni sortit du café, dans son quartier natal de Gambetta. Soudain, un jeune homme s'est approché du chanteur, geste d'habitude pour les autographes et les échanges chaleureux avec son public. Mais cette fois, la main sur l'épaule se fit plus lourde, l'étreinte plus longue, puis l'obscurité s'abattit. Deux balles furent tirées. L'une dans la tête, l'autre dans le cou ;  à vingt-six ans, Cheb Hasni venait d'être assassiné. 

La nouvelle s’est propagée comme une traînée de poudre à travers tout le pays. Une foule immense s’est affluée à Gambetta. Hommes, femmes, en grand nombre, et surtout des jeunes, en colère. Le Groupe Islamique Armé (GIA) a revendiqué son assassinat. 

Des milliers de personnes de toute la région d'Oran ont accompagné la dépouille de l'artiste jusqu'au cimetière d'Aïn-el-Beida. En marge de la cérémonie d'obsèques, des centaines de jeunes ont manifesté dans les rues, scandant « Algérie libre et démocratique ».

Le roi du Raï Cheb Khaled, a avoué être « traumatisé » par cet assassinat d'autant plus incompréhensible pour lui, car Cheb Hasni « n'avait jamais mêlé sa musique à la politique. C'était un enfant de notre quartier, nous avons grandi ensemble, chanté ensemble à Oran. »

Cheb Hasni est toujours vivant à travers sa musique

Les jeunes d'hier parlent de lui au présent malgré la nostalgie et le manque. Ceux d'aujourd'hui s'approprient son rythme, entretenant ainsi la légende. Chaque note, chaque parole, témoigne de l'immortalité de son art, de la puissance de sa voix qui, malgré l'obscurité qui l'a emporté, continue de briller dans le firmament musical.

Son héritage demeure une source d'inspiration pour tous ceux qui cherchent à exprimer les émotions les plus profondes à travers la musique.