Biyouna, étoile de la scène algérienne, s’est éteinte à 73 ans !

Humoriste, chanteuse et actrice iconique, Biyouna est morte ce mardi 25 novembre 2025. Artiste libre et flamboyante, elle laisse derrière elle une œuvre immense et une présence qui a marqué plusieurs générations.

Publié : 25 novembre 2025 à 10h41 par Djima Kettane

Biyouna
Crédit : Instagram @bayabouzar_off

Une voix, un rire, une énergie qui semblaient éternels. Ce mardi, l’Algérie a appris la disparition de Biyouna, de son vrai nom Baya Bouzar, morte à l’âge de 73 ans. La nouvelle a bouleversé un public fidèle qui l’a suivie pendant plus d’un demi-siècle, du théâtre aux plateaux télé, en passant par le cinéma et la chanson.

D’Alger à la scène : une enfance portée par l’art

Née le 13 septembre 1952 à Belcourt, au cœur d’Alger, Biyouna grandit dans une famille où l’art circule comme une seconde langue. Sa sœur, la chanteuse Leïla el Djazaïria, l’inspire très tôt. Elle, de son côté, s’attache au chant, au solo, aux histoires racontées sur scène.

Encore adolescente, elle rejoint la troupe de Fadhéla Dziria, où elle tient les chœurs et joue du tambourin. Elle poursuit auprès de Flifla, puis crée sa propre formation, devenant l’une des voix les plus sollicitées des fêtes de mariage. À dix-sept ans, elle se produit déjà dans les cabarets d’Alger. À dix-neuf, elle illumine la scène du Copacabana.

Cette même année, son destin bascule : le réalisateur Mustapha Badie la découvre et lui offre le rôle de Fatma dans La Grande Maison. La série, adaptée de Mohammed Dib, la révèle au grand public.

Une carrière d’actrice forgée par l’audace

Après ce premier succès télévisé, Biyouna enchaîne les projets. Elle tourne Leïla et les autres en 1978, puis La Voisine en 2000. Son charisme, sa gouaille et son naturel séduisent les réalisateurs comme les spectateurs.

Son envol prend une nouvelle dimension lorsqu’elle traverse la Méditerranée. En 1999, Nadir Moknèche lui confie un rôle dans Le Harem de Madame Osmane. Elle retrouve ensuite le cinéaste pour Viva Laldjérie et incarne, quelques années plus tard, l’inoubliable Madame Aldjeria dans Délice Paloma, personnage flamboyant et complexe devenu culte.

Entre 2002 et 2005, elle triomphe à la télévision grâce à la série ramadanesque Nass Mlah City, qui la consacre comme l’un des visages les plus populaires du petit écran.

Le théâtre n’est pas en reste. En 2009, elle impressionne dans La Célestine au Vingtième Théâtre à Paris. Elle multiplie les apparitions, des séries aux sketchs télévisés, jusqu’à devenir une figure incontournable des écrans maghrébins.

Une voix singulière et un parcours musical riche

En 2001, Biyouna sort Raid Zone, un album qui révèle son grain grave et sa puissance vocale. Elle poursuit avec Une Blonde dans la Casbah, enregistré à Beyrouth, où elle revisite de grands classiques algériens, dont l’incontournable Bismillah. Autour d’elle, une équipe d’artistes français l’accompagne, séduite par son talent et son instinct musical.

Elle participe ensuite à l’album Bichon de Julien Doré en 2011, offrant ses chœurs sur la chanson Bergman. Une collaboration inattendue qui témoigne de son ouverture artistique.

Un retour éclatant sur les écrans algériens

Ces dernières années, Biyouna avait retrouvé la télévision avec une série de productions ramadanesques, confirmant une fois de plus son statut d’icône. Dans la série Edamma, diffusée sur l’ENTV, elle interprète Halima, une femme âgée et malade, presque silencieuse. Par ses gestes, ses regards, elle bouleverse. Quatre millions de téléspectateurs suivent les premiers épisodes.

Elle brille aussi dans plusieurs œuvres comiques, notamment Akhou El BanatSkarkech ou encore Maicha fel good, prouvant qu’elle pouvait passer du drame à la légèreté avec une facilité rare.

Une artiste libre, généreuse et inoubliable

Biyouna aura traversé plus de cinquante ans d’histoire culturelle, oscillant entre humour, émotion et impertinence. Sa personnalité brute, son franc-parler et sa façon unique d’habiter chaque rôle ont fait d’elle une légende en Algérie.

Son héritage reste immense. Il vit dans ses films, dans ses chansons, dans ses personnages hauts en couleur, et dans les souvenirs de ceux qu’elle a accompagnés, divertis et émus.

Son rire, sa force et son audace continueront de marquer la culture algérienne. Elle laisse une trace indélébile. Une trace de liberté.