Aide au développement : l’AFD clarifie, l’Algérie reste ferme sur sa politique de non-endettement !

Alors que des voix politiques dénonçaient une aide massive de la France à l’Algérie, l’Agence française de développement a tenu à rétablir la vérité. Aucun financement direct n’est accordé, seulement des bourses étudiantes.

Publié : 15 juillet 2025 à 13h00 par La Rédaction

Photo de Rémy Rioux
Crédit : Rémy Rioux - Facebook

Face aux polémiques sur de prétendus versements massifs de la France à l’Algérie, le directeur général de l’Agence française de développement (AFD) a mis les points sur les « i ». Dans un contexte de tensions politiques, Rémy Rioux rappelle que l’Algérie ne reçoit aucun financement direct de son organisme. Un rappel qui vient calmer le débat mais aussi éclairer une réalité trop souvent déformée.

Une mise au point claire et attendue

C’est sur le plateau de Public Sénat que Rémy Rioux a choisi de répondre aux critiques. Depuis plusieurs mois, certaines voix de la droite et de l’extrême droite, à commencer par l’eurodéputée Sarah Knafo, accusent la France de verser à l’Algérie une aide publique colossale. L’élue évoquait même la somme de 800 millions d’euros par an. Une affirmation jamais étayée par des documents concrets.

Rémy Rioux a tenu à rétablir les faits : « Ce qu'on déclare à l’OCDE comme aide publique au développement pour l’Algérie, en fait, ce n’est pas de l’AFD. Ce sont des bourses pour des étudiants algériens en France, exclusivement », a-t-il expliqué. Avant d’ajouter : « On n’a pas d’activité en Algérie en vérité. On ne fait pas de financement en Algérie. »

Pas un centime de prêt : l’Algérie dit non à la dette

Les propos du patron de l’AFD s’inscrivent dans une réalité économique assumée par Alger. Depuis les années 2000, l’Algérie a remboursé la totalité de sa dette extérieure. Et elle ne compte pas y revenir. Le président Abdelmadjid Tebboune l’a réaffirmé sans détour : « C’est une honte et une trahison aux Martyrs d’aller vers l’endettement alors que tu peux t’en sortir sans. »

Cette ligne politique, appelée « zéro endettement », bloque de fait toute possibilité de prêt, même pour des projets d’infrastructure. Résultat : l’AFD, dont la mission est précisément d’accorder des prêts et des subventions à des pays en développement, n’a aucune présence active sur le sol algérien.

Des chiffres largement instrumentalisés ?

La polémique a connu un pic en février dernier. Sarah Knafo affirmait alors que 800 millions d’euros étaient versés chaque année à l’Algérie. Une information rapidement démentie par les autorités françaises. 

Selon les chiffres officiels, l’aide publique au développement en direction de l’Algérie s’élevait en 2022 à 132 millions d’euros. Mais l’écrasante majorité de cette somme – près de 80 % – reste en réalité en France. 

En détail : 121 millions d’euros vont au ministère français de l'Éducation pour financer les bourses des étudiants algériens en France. 8,5 millions sont gérés par le ministère des Affaires étrangères pour les frais liés aux coopérations culturelles. 1,5 million revient à l’AFD, mais pour un simple projet de formation avec l’Université de Brest. Enfin, 280 000 euros sont destinés à l’OFII et à des collectivités françaises pour des actions spécifiques.

Des aides qui ne quittent pas la France

Dans un communiqué, l’ambassade de France à Alger avait déjà répondu à la polémique, en rappelant que les fonds attribués à l’Algérie servaient essentiellement à financer des formations, des échanges culturels et des projets menés par des institutions françaises. Une dépêche de l’agence algérienne APS résumait : « Les estimations de la valeur des aides au développement reçues de la France n’excèdent pas le chiffre de cinq millions d’euros. »

L’AFD elle-même précise sur ses réseaux : « Depuis 2005, aucun prêt n’a été octroyé à l’Algérie. » Un seul projet a été mentionné : une coopération universitaire entre Alger et Brest, pour un montant de 700 000 euros.

Un débat alimenté par les tensions diplomatiques

Dans ce contexte, la question de l’aide au développement devient un terrain glissant, souvent instrumentalisé à des fins politiques. Mais les faits sont là. Comme l’a rappelé Rémy Rioux : « L’Algérie ne prend pas d’argent venant de l’Agence française de développement. » Pour l’heure, Alger reste fidèle à sa ligne de souveraineté économique, préférant miser sur ses propres ressources et multiplier ses gestes de solidarité envers d’autres pays africains.

Un message de fermeté et d’indépendance

Le chef de l’État algérien n’a pas manqué de rappeler les priorités de son pays : « Nous finançons chaque année 6000 bourses africaines pour venir étudier chez nous, une route de plus d’un milliard de dollars entre notre pays et la Mauritanie, et venons d’effacer 1,4 milliard de dette à douze pays africains. Nous n’avons pas besoin de cet argent qui sert avant tout les intérêts d’influence extérieure de la France. »