Agressions racistes en Belgique : "Il y avait une volonté d’aller casser de l’Arabe", selon un spécialiste du hooliganisme !

Entre saccages, agressions et ratonnade, la capitale belge a vécu un dimanche noir marqué par des affrontements d’une extrême violence.

Publié : 6 mai 2025 à 16h14 par La rédaction

Agressions racistes Molenbeek
Crédit : Capture d'écran vidéo

Ce qui devait être une célébration sportive s’est transformé en scène de chaos à Bruxelles. En marge de la finale de la Coupe de Belgique, remportée par le Club de Bruges contre Anderlecht, la ville a été le théâtre d’affrontements violents, de saccages et d’agressions ciblées racistes, notamment dans le quartier de Molenbeek.

Des tensions dès le début de l’après-midi

Les premiers troubles ont éclaté près de la gare centrale, où des groupes de supporters brugeois auraient cherché à en découdre avec ceux d’Anderlecht. Les forces de l’ordre ont rapidement dû intervenir pour éviter un affrontement en plein centre-ville. Mais ce n’était que le début.

Molenbeek, épicentre de la violence

À Molenbeek, la situation a pris une tournure inquiétante. En milieu d’après-midi, une centaine d’individus, encagoulés et vêtus de noir, ont envahi les rues du quartier Ribaucourt. Armés de matraques, ils ont agressé plusieurs passants et pris pour cible des musulmans et un commerce familial spécialisé dans le carrelage. Le magasin a été entièrement ravagé : vitrines brisées à coups de projectiles, locaux dévastés, bonbonnes de gaz utilisées comme armes.

Les propriétaires, un père et son fils, ont été blessés. La sœur du commerçant a décrit une attaque d’une extrême brutalité : « Mon frère et mon neveu se sont fait tabasser carrément par un troupeau d’au moins 50 personnes ». Le père, récemment opéré, a dû être hospitalisé en urgence, tout comme son fils, grièvement blessé au visage.

Des passants violemment pris pour cibles

Un autre témoin, qui se trouvait sur son scooter au moment des faits, a raconté avoir été roué de coups sans sommation. « J’ai été frappé au visage, puis plusieurs personnes se sont jetées sur moi et sur ma moto », confie-t-il. Il a réussi à prendre la fuite et à contacter la police.

De nombreux habitants du quartier, profondément choqués, s’interrogent sur l’absence de forces de l’ordre au moment des faits. Dans une zone pourtant équipée de caméras et considérée comme surveillée, le sentiment d’abandon est palpable.

Une attaque ciblée et potentiellement raciste

Pour le sociologue Jean-Michel De Waele, spécialiste du hooliganisme, cette offensive ne relève pas du hasard. Il évoque la possible implication d’un groupe extrémiste identifié : les North Fanatics 13, un noyau ultra du Club de Bruges, connu pour ses positions d’extrême droite. « C’est très surprenant de voir des groupes organisés pouvoir agir ainsi en plein Bruxelles, sans que la police n’intervienne », s’étonne-t-il.

Le choix de Molenbeek, qui ne se trouvait pas sur l’itinéraire des supporters vers le stade, renforce l’hypothèse d’une attaque ciblée. Le quartier, à forte population d’origine maghrébine, est devenu un symbole. « Oui, il y avait une volonté d’aller casser de l’Arabe », affirme-t-il sans détour.

Scènes de solidarité inattendues

Dans cette atmosphère de tension, une séquence a néanmoins retenu l’attention. Une vidéo relayée sur X par le député bruxellois Jamal Ikazban montre des femmes musulmanes voilées secourant un agresseur blessé, lui apportant assistance malgré les violences commises. « Une leçon de dignité face à la barbarie raciste », a commenté l’élu.

D’autres violences dans la capitale

La violence ne s’est pas arrêtée à Molenbeek. À Jette, sur l’avenue Houba de Strooper et dans le métro, des altercations ont éclaté entre groupes rivaux. Des supporters brugeois ont été attaqués à plusieurs reprises, notamment entre les stations Heysel et Bruxelles-Midi. Un groupe d’hommes armés de bâtons aurait visé les fans du Club, blessant au moins quatre d’entre eux. À Bruxelles-Nord, cinq autres supporters ont été encerclés par une douzaine d’individus armés de bouteilles. Certains ont été dépouillés.

Selon les autorités sanitaires, 80 personnes ont reçu des soins sur place. Neuf d’entre elles ont dû être hospitalisées. L’un des blessés aurait subi une grave lésion à la main causée par un feu d’artifice.

Appels à des réponses claires

Au lendemain de ces scènes de violences, les critiques pleuvent. Pourquoi les forces de l’ordre étaient-elles absentes dans plusieurs zones sensibles ? Comment des groupes ultra identifiés ont-ils pu agir aussi librement ? Les habitants de Molenbeek, traumatisés, réclament des réponses. La ville, elle, garde les traces d’une journée où la passion du sport a cédé la place à la haine et à la peur.